Les pixies sont des lutins sauvages vivant dans le sud-ouest de l'Angleterre, notamment dans les forêts du Devon, du Somerset, du Dartmoor, de l'Exmoor et de l'est du Hampshire.
Ils seraient les descendants des Red Heads, les premiers habitants de Cornouailles, mais leur nom rappelle également celui des Pictes, peuple vivant en Ecosse avant l'invasion des Scots vers l'an 500.
Les pixies apparaissent sous les traits de garçonnets roux, à la frimousse insolente couverte de taches de rousseur, au nez retroussé et eux yeux bigles, vêtus de vert lorsqu'ils ne sont pas nus, et connus pour leurs mauvais tours.
Mais leurs caractéristiques physiques varient selon les régions. La folkloriste Katharine Briggs précise : "Le piskie de Cornouailles est plus âgé, plus ratatiné et maigre que les pixies robustes et terre à terre du Somerset et les minces pixies à la peau nue et blanche du Devon."
Leur parenté avec les Têtes rouges les assimile également aux
meryons, "fourmis-fées" de couleur rouge dont la présence est sacrée dans les forêts à pixies.
On dit aussi qu'ils sont les âmes errantes des enfants morts sans baptême. Ils sont hostiles aux fées, contre qui ils sont en guerre perpétuelle.
Excessivement taquins, les pixies jouent des tours pendables aux humains. Ils font courir les chevaux toute la nuit, font tourner le lait et crever les vaches, volent les oeufs dans le poulailler, vident les caves de leurs meilleurs alcools, embrassent les filles dans le cou et, comme le font les fées avec leur changelings, échangent les nourrissons humains avec leurs affreux rejetons, les killcrops.
La nuit, ils dansent en rond dans des cercles enchantés nommés
gallitraps, "pièges à talons", car quiconque les franchit par inadvertance se retrouve dans l'instant immobilisé par les pixies.
A chacune de ces farces, ils éclatent d'un rire tonitruant devenu proverbial : on dit "rire comme un pixie" pour désigner un rire excessif, dans le sud de l'Angleterre.
EGARE PAR LES PIXIESOn dit aussi que les pixies ont l'habitude d'égarer les voyageurs dans les forêts et de les contraindre à tourner en rond.
Leurs victimes sont alors
pixie-led, "égarées par les pixies". Pour prévenir ce sortilège, il faut emporter avec soi l'une de ces quatre choses, les seules capables de tenir les pixies éloignés : une croix en bois de sorbier, un fer à cheval, un quignon de pain ou un sac de sel.
Les esprits de Féerie redoutent en effet plus que tout le fer, le bois de sorbier, ainsi que les symboles de la religion chrétienne : la croix, le sel du baptême, le pain de la communion.
A défaut, il suffit de retourner son manteau ou ses poches, car les pixies, comme tous les êtres de Féerie, n'ont aucune notion de l'envers des choses.
Alors qu'il traversait à pied les forêts anglaises, après avoir rendu visite aux moines du monastère de Glastonbury - alors rattaché au patriarcat orthodoxe celtique de Glastonbury, chargé au XVe siècle de veiller sur les reliques d'Arthur, roi des Bretons -, Ismaël Mérindol se trouva pixie-led.
Malgré toutes ses connaissances en matière de Féerie, il dut bien se rendre à l'évidence : il tournait en rond depuis des heures et risquait bien de demeurer prisonnier à jamais de la forêt enchantée.
Il aperçut alors des trognes de gamins morveux et bigleux, aux incisives proéminentes et aux oreilles en pointe, qui l'observaient derrière les fourrés.
Puis il entendit leurs rires, pareils aux hennissements d'un cheval. Alors, il se déshabilla entièrement et se rhabilla en mettant tous ses vêtements à l'envers.
Aussitôt, les pixies cessèrent de rire et parurent interloqués. Par ce retournement de veste et de culotte, maître Mérindol s'était tout bonnement rendu invisible à leurs yeux.
Désormais hors de portée de leurs manigances, il retrouva sans tarder son chemin et quitta sans encombre la forêt ensorcelée.
Il ne remit ses vêtements à l'endroit que le soir, dans la chambre qu'il loua au village prochain, après avoir affronté le regard désapprobateur de l'aubergiste, surpris de voir un homme aussi vénérable pareillement accoutré.